Un bienheureux jour j’ai décidé d’arrêter d’être salariée. Je me suis dit, au revoir les horaires stricts, les chefs, les jours de congés n’importe quand et la vie de gratte-papier. J’avais un projet en tête, plein d’expériences et une motivation impétueuse. J’allais être autoentrepreneur!

La première année, comme vous pouvez imaginer, il y a eu beaucoup d’essais et d’échecs, mais aussi de belles réussites qui, le tout combiné à un constant investissement, donnaient un premier résultat timide. Heureusement ma marque avait reçu le meilleur accueil possible parmi mon public. Espoir.

Eh bien, je me suis dit, sauf évènement tragique, style pandémie qui attaque le monde entier et déséquilibre toutes les habitudes et possibilités des gens, la deuxième année va être celle du renforcement et de la consolidation. Là, vous savez déjà ce qui s’en est suivit. Surprise, incertitude, peur, frustration et déception.

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C’était mars, mon agenda débordait des marchés, engagements, festivals, congrès, voyages, qui allaient être repoussés ou annulés. Je me suis retrouvée à la maison avec mon compagnon en télétravail et mon beau-fils de 6 ans avec une énergie incroyable 24/24h et une session «classroom» atrocement nourrie de devoirs pour faire une jolie école à la maison. Mon atelier est collé au salon et complètement intégré à la cuisine. Travailler chez moi était devenu un vrai défi et sortir souffler allait se terminer en une grosse amende ridicule en face de mon appartement.

Quelle a été ma formule pour faire face au confinement dans ces conditions?

- Même si cela semble évident: me changer et convaincre le reste de la famille pour qu’ils me suivent et lâchent leurs pyjamas.

- Remplir mon agenda avec un planning de production détaillé pour chaque jour en considérant le temps dédié à la cuisine (maintenant 2 fois par jour pour la famille complète!), lessive (qui est devenue presque que de sous-vêtements), jolie école à la maison, en tournant tout le temps avec mon homme, pour que chacun ait son temps pour bien travailler.

- M’acheter une nouvelle machine et des nouveaux matériaux pour me motiver et expérimenter de nouveaux modèles (ouais, encore des investissements…).

- Remplir mon blog. Cette période a été une étape de réflexion dans tous les sens et profiter de ces pensées pour s’immerger dans l’écriture était une bonne occupation.

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- Tester de nouvelles techniques. Sur les réseaux sociaux les tutoriels gratuits ont explosés. C’était le temps de s’aventurer ou d’approfondir ses connaissances et ses expérimentations. Dans mon cas cela a été par la marbrure, les impressions avec tampons de pomme de terre, l’illustration, la calligraphie, la dorure, le weaving paper, remplir mes propres carnets, tester la reliure belge.

- Faire spécialement attention à Instagram. Tout le monde était sur les réseaux ! Bon moment pour profiter pour faire de jolies photos, vidéos, partages, textes, concours et gagner en visibilité et en abonnés.

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- Au niveau économique c’était la catastrophe (ils m’ont manqué ces jours de salariée). Zéro revenus, avec quand même l’atténuation de l’aide de l’état aux entrepreneurs. Faire cette démarche a été une bouée de sauvetage.

- Hors du parcours professionnel, j’ai fait des choses pour me maintenir motivée: j’ai téléchargé une application pour faire de l’exercice à la maison, on a fait des burgers home-made, j’ai regardé « Breaking Bad » et « Better Call Saul » (séries que j’avais ratées et qui étaient des comptes à régler), j’ai fait du popcorn à la casserole, je me suis occupée des plantes, j’ai commencé « El paraíso en la otra esquina » de Vargas Llosa, j’ai organisé les placards, j’ai beaucoup appelé ma famille et mes amis, j’ai fait des scons anglais (ratés), des gâteaux marbrés (ratés parce qu’au supermarché il n’y avait plus la bonne farine), de la pastafrola (pas ratée! :)).

Résultat: un site bien nourri et 155 carnets !

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Et maintenant ?

On est déconfiné et avec l’aspiration de doucement reprendre nos vies quotidiennes. Mais pour les artisans cela continue à être une période très difficile. Si on reprend les marchés, est-ce qu’il y aura des personnes avec l’envie de se balader à l’extérieur où ils trouveront une concentration de population ? Si on ouvre les boutiques (et on l’a déjà fait) et que l’on demande aux gens de rentrer deux par deux parfois, avec un masque, de mettre des gants s’ils veulent soulever un produit, et de maintenir un mètre de distance entre les uns et les autres... Est-ce que les clients vont avoir la même envie de faire des achats ? Sans aucun doute la période du Covid a été néfaste pour beaucoup de secteurs, et les créateurs, nous ne sommes pas l’exception. On vit du commerce de nos produits fait mains et on a besoin de clients sensés, engagés et ayant de la considération pour notre situation (on ne peut pas livrer comme Amazon). J’invite tout le monde à se persuader d’une bonne consommation responsable et locale qui collabore à pouvoir nous sortir de cette période malheureuse.

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Promouvoir l’artisanat et prendre conscience de l’importance de bien choisir quoi consommer nous permettront plus vite de sortir de ce cauchemar.